La carte scolaire accusée de ségrégation, c’est le monde à l’envers !
Lundi 18 juin 2007
Pour promouvoir l’égalité sociale, le nouveau gouvernement vient d’annoncer la
suppression progressive de la carte scolaire en 3 ans tout en permettant aux
familles de la contourner dès la rentrée prochaine.
Attention ! Leçon de manipulation !
1 - Ne pas s’intéresser aux causes premières : mise en place en 1963, elle pose
comme principe qu’un enfant soit scolarisé dans un établissement en fonction de
son lieu d’habitation. La mixité scolaire n’est donc qu’une conséquence de la
mixité urbaine.
S’il existe des ghettos scolaires dans certains quartiers, c’est bien parce que les
populations les plus défavorisées s’y retrouvent, les loyers étant moins chers et
l’offre de logements sociaux plus importantes qu’ailleurs.
On ne peut répondre à ces inégalités spatiales qu’en construisant des logements
sociaux en nombre suffisant dans tous les quartiers et en plafonnant les loyers.
2 - Favoriser les classes moyennes : les dérogations déjà existantes profitaient
majoritairement aux classes favorisées puisque ce sont elles qui ont le plus de
ressources et d’informations sur le système scolaire.
Pour ces mêmes raisons, la suppression de la carte scolaire va bénéficier aux mêmes et conduira, comme en Belgique ou aux Pays-Bas, à un renforcement de la ségrégation scolaire.
3 - Flatter la liberté individuelle : l’année prochaine, davantage d’élèves
pourraient choisir leur établissement. C’est oublier qu’il y a un nombre de place
limité dans chaque établissement, et que les critères sont suffisamment flous pour
que les lycées sélectionnent les dossiers qui les intéressent. Privés de leurs
meilleurs élèves, les difficultés des établissements des ZEP n’en seront que plus
grandes.
Malgré les contournements, la carte scolaire est donc le dernier rempart qui
permet aux ZEP de garder les rares élèves issues des couches favorisées. Le
gouvernement répond à une ségrégation sociale déjà existante en favorisant les
plus favorisés et en désarmant les plus faibles pour mieux les stigmatiser.
Face à ce redoutable rouleau compresseur idéologique qui érige une société de classe toujours plus individualiste et refermée sur elle-même, dénonçons les mensonges de ceux qui nous gouvernent, montrons que la lutte collective paye en nous organisant sur nos lieux de travail et dans nos quartiers.
Avec eux, c’est le monde à l’envers. Alors, prenons-les au mot et renversons leur
monde !
CNT - FTE