Face à la pandémie : solidarité et entraide : oui ; union sacrée : non
Nous partageons un texte rédigé par l’Union départementale de la CNT du Val d’Oise
L’espèce humaine est confrontée à une pandémie qui frappe la plupart des populations du globe. Dans ces conditions nous tenons à rappeler que l’essence de la domination capitaliste, indépendamment des formes de pouvoir, c’est de présenter la société comme un ensemble d’êtres humains, tous égaux, égales et les gouvernements représentent l’intérêt général. Or cette vision est, depuis 1789, une duperie qui vise à masquer les antagonismes irréductibles de classe. Chacun sait que la vie réelle, quotidienne montre que l’existence des uns rime avec exploitation, oppression, précarité, insécurité sociale, tandis que les autres gèrent leurs profits, leurs privilèges, leur bien-être préservé.
Pour dissimuler cette opposition de classe, les États disposent de la propagande, qui s’appelle aujourd’hui communication. Et la colonne vertébrale de cette communication c’est de cultiver, glorifier, encenser le mythe de l’Unité nationale. Or cette idolâtrie de l’Union sacrée est une supercherie.
Des gens risquent de mourir par manque de lits dans les hôpitaux ou du nombre insuffisant d’appareils en salle de réanimation, de manque de personnel. Ces carences ne tombent pas du ciel : il s’agit du résultat, depuis des décennies, sous la droite comme sous la gauche, du choix de faire de l’hôpital un espace géré en fonction de critères de rentabilité. En six ans, 17 500 lits d’hôpitaux ont été fermés. Macron a poursuivi cette politique : entre 2017 et 2018, plus de 4 170 lits ont disparu. Le virus est responsable du décès de nombreux malades mais quand le médecin doit faire le choix, tragique, douloureux, de soigner tel ou tel être humain par manque de matériel, le responsable de la mort programmée ce n’est pas le coronavirus mais tous les pouvoirs qui ont supprimé des lits, liquidés des emplois, choisit de faire une politique de profit et non de santé publique. Aussi nous n’oublions pas et nous rappelons qu’en 1914 des milliers de soldats envoyés se faire tuer pour les intérêts économiques d’industriels ont, en 1917, choisit de se mutiner, brisant cette Union sacrée que Clémenceau avait inventé pour embrigader le peuple dans une guerre impérialiste. Ces mutins avaient devancé la phrase d’Anatole France « On croit mourir pour la patrie ; on meurt pour des industriels ».
Alors dans la situation présente nous devons mettre en avant des valeurs de solidarité, d’entraide, nous opposer aux égoïsmes, aux réflexes xénophobes comme ceux de Trump ou Poutine qui ont donné une nationalité au virus, qualifiée de chinois !!! Soutenir le personnel hospitalier qui mène un combat à armes inégales, privé de moyens suffisants, dénoncer des entreprises comme la Poste qui évoque ses missions de service public pour contraindre le personnel à bosser, alors que cette mission est bafouée depuis des années (suppression de bureaux, de facteurs) et qu’il s’agit en fait de faire du fric quand la concurrence comme Mondial Relay a stoppé ses activités.
Et l’on entend reparler de nationalisation, hier gros mot, péché suprême de l’ère mitterrandienne. L’État pense « nationalisation » quand les intérêts des actionnaires sont menacés. Pour l’éducation, la santé, les chômeurs il n’y avait pas d’argent. Maintenant celui-ci surgit comme par enchantement, comme en 2008 lorsque les banques étaient à sauver : aujourd’hui c’est Air France et certainement d’autres...
C’est avec d’autres valeurs que nous abordons cette période difficile
Notre démarche doit être guidée par le souci de préserver la vie humaine, d’être à l’écoute de nos proches, de nos voisins. Dans les crises, il y a souvent des intérêts mesquins qui sont à l’œuvre mais également le peuple, ceux et celles d’en bas qui démontrent alors leur capacité à innover, à se transcender pour épauler les plus fragiles.
Cette approche humaine nous la faisons sans occulter notre réflexion critique qui mous autorise à pointer du doigt les responsabilités des uns et des autres. En 1917, les mutins n’ont pas attendu la fin de la guerre pour dénoncer la boucherie en cours. Plus de 600 condamnés à mort, essentiellement des ouvriers et 1/3 d’agriculteurs.
Le virus COVID19 sera vaincu par la mobilisation des personnels hospitaliers, qui se battent avec des moyens limités car leurs revendications d’hier n’ont pas été entendues, du corps médical, des chercheurs (sachant qu’il y a une course entre les labos avec des enjeux financiers énormes pour celui qui sera le premier sur la ligne, alors qu’il devrait y avoir une coordination de la Recherche par-delà les frontières). Le peuple fera face, dépourvu de masques, de gel, car cette crise sanitaire révèle les conséquences des délocalisations, toujours pour des raisons financières.
Nous appelons donc à la solidarité sociale, à la pratique de la coopération, de l’entraide, et combattons ceux et celles qui ont les mains sales et qui tentent avec leur Union Sacrée de nous faire oublier leur responsabilité en matière de santé publique.
En période de guerre sanitaire, comme en période de guerre tout court, nous savons que l’ennemi est dans notre propre pays.
Coopération, entraide, solidarité sociale, telles sont nos valeurs face à la pandémie
Saint-Ouen l’Aumône,
le 18 mars 2020